VERTÈBRES ET RACHIS

VERTÈBRES ET RACHIS
VERTÈBRES ET RACHIS

La colonne vertébrale, ou rachis, est une tige formée de petits éléments osseux juxtaposés, les vertèbres, articulés entre eux: elle est donc très solide mais flexible.

Caractérisée par sa situation, à la fois axiale et dorsale (fig. 1), par sa continuité, de la base du crâne jusqu’au bassin, et par son rôle de protection de la moelle épinière, la colonne vertébrale constitue, chez les animaux qui en sont pourvus, les Vertébrés, la pièce maîtresse du squelette. Les vertèbres qui constituent l’ossature du rachis ont subi au cours de l’évolution des Vertébrés des variations complexes, dont on a pu tirer argument pour retracer la phylogenèse de ces animaux.

Chez l’homme, la colonne vertébrale présente une série de modifications particulières, corrélatives à la station verticale. Les efforts qu’elle supporte sont importants, ce qui explique la fréquence de la pathologie rachidienne.

1. Organogenèse vertébrale et phylogenèse

L’observation d’une colonne vertébrale de Sélacien (fig. 2) donnera une idée de la constitution d’une vertèbre et de ses relations avec les organes voisins. Elle se compose fondamentalement d’un corps vertébral (ou centrum), édifié autour de la corde qu’il comprime en son milieu, et d’un arc neural formé de deux pièces paires, reposant sur la face dorsale du centrum et encadrant la moelle épinière. La paroi du canal rachidien est complétée par des pièces intercalaires qui alternent avec les arcs neuraux.

À la face ventrale du centrum existent, en concordance avec les arcs neuraux, des pièces paires surtout développées dans la région caudale où elles constituent autour de l’aorte dorsale les arcs hémaux . Les corps vertébraux successifs sont unis par de courts ligaments intervertébraux.

Cette vertèbre s’édifie à partir de condensations de mésenchyme provenant du sclérotome (fig. 3). Le centrum cartilagineux a une triple origine, car il est formé: d’un tube mésenchymateux péricordal, de la base des arcs neuraux et hémaux, de l’épaisse gaine cordale fibreuse, secondairement colonisée par des cellules conjonctives et chondrifiée (transformée en cartilage).

Chez les Téléostéens, les vertèbres sont ossifiées à partir de pièces arcuales cartilagineuses comparables à celles des Sélaciens.

Chez les Cyclostomes, chez les Dipneustes et chez le Cœlacanthe Latimeria , les vertèbres sont réduites à des arcs neuraux qui reposent sur la corde dorsale. On ne sait si ces vertèbres rudimentaires représentent une disposition primitive ou une régression secondaire (cf. CYCLOSTOMES, DIPNEUSTES, OSTRACODERMES).

La plupart des Tétrapodes ont une vertèbre de type assez différent. Les variations des structures vertébrales au cours de l’évolution ont une grande importance pour la classification de ces Vertébrés.

L’étude des modifications de la vertèbre au cours de l’évolution peut prendre comme point de départ le plus ancien Amphibien connu, Ichthyostega , du Dévonien [cf. LABYRINTHODONTES]. Sa vertèbre est composée d’un grand arc neural, portant des apophyses articulaires, qui s’appuie par un centrum formé de deux sortes d’éléments: un élément impair, l’intercentre ou hypocentre, sorte de croissant osseux entourant la face ventrale de la corde; une paire d’éléments dorsaux, plus postérieurs, les pleurocentres. Cette vertèbre dérive de celle des Crossoptérygiens, et on la retrouve peu modifiée chez de nombreux Labyrinthodontes du Permien, les Rachitomes. Chez les Stéréospondyles, les pleurocentres ont disparu et le centrum est réduit à l’intercentre. Pourtant, chez certains Amphibiens triasiques du Maroc rapportés aux Stéréospondyles, on a décrit des pleurocentres petits mais bien ossifiés (fig. 4).

Dans une autre lignée, bien représentée au Carbonifère, les Embolomères, le corps vertébral est formé de deux disques d’importance égale: l’un, antérieur, représente l’intercentre; l’autre, postérieur, correspond aux pleurocentres.

Des Embolomères on passe, par réduction de l’intercentre, à la vertèbre typique des Reptiles (par exemple, Seymouriamorphes), où le centrum est un pleurocentre bien développé tandis qu’en avant de lui existe encore un petit intercentre. Ce dernier, s’il persiste chez les Reptiles primitifs et chez quelques Mammifères (au moins au niveau caudal), se réduit le plus souvent. Les vertèbres successives sont unies entre elles par un disque intervertébral élastique issu, en partie, d’un reste de la corde dorsale.

Les matériaux à partir desquels se forment les vertèbres des Amniotes ont pour origine un mésenchyme mésodermique composé de cellules détachées du bord ventral interne des somites (cf. EMBRYOLOGIE), mésenchyme qui constitue le sclérotome.

Les somites sont, par nature, les formations métamériques primaires et le sclérotome qui en dérive est, lui aussi, métamérisé. Cependant, on admet classiquement qu’un remaniement intervient très tôt dans la mise en place du sclérotome. Chaque «sclérotomite», issu d’un somite, est partagé par une fente transversale (fissure intrasclérotomique de von Ebner ou sclérocœle) en une portion crâniale et une portion caudale. Une vertèbre est édifiée à partir de la portion antérieure d’un sclérotome associée à la portion postérieure du sclérotome précédent. De la sorte, si les vertèbres ont bien une disposition métamérique, elles sont en discordance avec la métamérie primaire des somites et ont, en définitive, une position intermétamérique. Cette conception classique d’une resegmentation du mésenchyme au cours de la genèse des vertèbres a été récemment contestée. Il ne faut donc pas exclure que les vertèbres se développent aux dépens d’un matériel non segmenté et se trouvent, dès le début, en leur position définitive.

Chez les Tétrapodes, les vertèbres successives s’articulent les unes sur les autres non seulement par une large juxtaposition des centres, mais également par des processus articulaires portés par les arcs neuraux sur leurs bords antérieur et postérieur, les zygapophyses. Dans certains cas, où la mobilité des articulations vertébrales est particulièrement importante, il existe des surfaces articulaires supplémentaires (chez les Sauriens et surtout les Ophidiens, et chez les Oiseaux dans le cas des vertèbres cervicales...).

On associe au squelette axial des éléments squelettiques d’origine cartilagineuse, le sternum et les côtes.

Les côtes sont des pièces paires d’origine cartilagineuse qui se disposent dans la paroi de la cavité abdominale en prenant appui sur la vertèbre correspondante. Leur extrémité distale est libre chez les Poissons et chez les amphibiens et rejoint ventralement le sternum chez les Amniotes.

Le sternum est une pièce squelettique plus ou moins complexe située dans la paroi ventrale de la région antérieure du tronc. Il manque chez les Poissons. chez les Tétrapodes, il est en relation avec la ceinture pectorale et il constitue avec les côtes la cage thoracique des Amniotes.

Les gastralia , improprement appelées parfois «côtes abdominales», sont des éléments osseux dermiques que l’on rencontre dans la paroi abdominale de quelques Reptiles et de l’Archéoptéryx.

2. Anatomie comparée du squelette axial

On a défini ci-dessus les variations morphologiques et structurales des vertèbres dans les différents groupes de Vertébrés. Si l’on considère la colonne vertébrale dans son ensemble, on remarque aussi des variations régionales entre les vertèbres d’un individu.

Chez les Poissons, on peut distinguer une région antérieure, préanale, de la colonne vertébrale, dont les vertèbres portent des côtes, et une région postérieure, caudale, où les côtes manquent, mais où les arcs hémaux sont bien développés.

Chez les Amniotes et surtout chez les Mammifères, la différenciation régionale vertébrale est beaucoup plus poussée. En direction cranio-caudale, on trouve: la région cervicale; la région thoracique, avec des côtes bien développées dont au moins les plus antérieures atteignent le sternum; la région lombaire ; la région sacrée, à vertèbres peu nombreuses comportant des côtes courtes et robustes qui se souderont en un os impair, le sacrum, où s’attache la ceinture pelvienne; et, enfin, la région caudale.

Chez les Poissons, la première vertèbre est unie au crâne par une surface circulaire qui ne permet aucun mouvement. Chez les Tétrapodes, en même temps que la perte de la respiration branchiale apparaît une région cervicale qui autorise une certaine mobilité de la tête par rapport au tronc. Chez les Amniotes, cette articulation mobile est réalisée par les deux premières vertèbres cervicales qui constituent le complexe atlas-axis. Les constituants des deux premières vertèbres sont associés d’une manière assez particulière. L’atlas , qui s’articule sur la région occipitale par un (Reptiles) ou deux (Mammifères) condyles, est formé par le premier arc neural soudé au premier intercentre. C’est donc une vertèbre incomplète à laquelle manque son centrum. Celui-ci est associé à l’axis , qui comprend donc tous les constituants de la deuxième vertèbre (intercentre 2, centrum 2, arc neural 2) et, en outre, le centrum 1 qui forme le processus odontoïde autour duquel pivote l’atlas.

Le nombre de vertèbres chez les différentes espèces est extrêmement variable. Chez les Tétrapodes primitifs, il est fréquent que l’on trouve environ 30 vertèbres présacrées et 50 caudales, ou davantage. Chez les Amphibiens actuels, les écarts sont considérables. Les Anoures possèdent toujours 9 vertèbres, plus l’urostyle qui en représente 2 ou 3 fusionnées. La colonne vertébrale des Urodèles en comporte souvent une cinquantaine ou davantage, et celle des Apodes jusqu’à 200.

Pami les Reptiles, il existe aussi de très larges différences, avec un accroissement considérable du nombre des vertèbres chez les Serpents (plus de 400 chez un Boa).

Le nombre des vertèbres cervicales varie beaucoup chez les Oiseaux (Perroquet 11, Cygne 25), mais est au contraire parfaitement constant chez tous les Mammifères (7) à trois ou quatre exceptions près (un Sirénien et quelques espèces de Paresseux).

Parmi les Poissons, on observe autant de variations, mais, tandis que le nombre individuel de vertèbres est stable chez les Tétrapodes, c’est un caractère fluctuant chez les Poissons. Une espèce est souvent définie non pas par le nombre de vertèbres, mais par la moyenne vertébrale , donnée statistique établie sur un échantillon important.

Cette notion a été largement utilisée pour les espèces de Poissons marins comestibles qui intéressent la pêche industrielle. On peut, grâce à la moyenne vertébrale, distinguer au sein de ces espèces des populations plus ou moins indépendantes dont les membres sont difficilement discernables par les caractères morphologiques habituels. Ainsi le Hareng (Clupea harengus ), qui peuple les eaux froides – à moins de 12 0C – de l’Atlantique Nord, est un ensemble de populations caractérisées par leur formule vertébrale: Islande 57,4, Écosse 57,1, Manche 56,7, mer du Nord 56,5, Baltique 55,5. Ces races locales dont les représentants effectuent des migrations d’amplitude assez faible diffèrent en outre par certains aspects de leur biologie et de leur physiologie (vitesse de croissance, époque de la reproduction et zones de frai, etc.). Si l’interfécondité est sans doute théoriquement possible, elle ne se réalise pas dans la nature, car il y a des obstacles écologiques et physiologiques à la rencontre des géniteurs mûrs des diverses populations.

De nombreuses observations et quelques expériences ont montré que le nombre de vertèbres est déterminé à la fois par des facteurs génétiques et par des facteurs de milieux, en particulier la salinité et la température lors d’une phase précise du développement embryonnaire.

3. Anatomie fonctionnelle

Chez les Mammifères, la colonne possède une zone de coalescence des vertèbres, appelée sacrum , qui participe à la formation du squelette pelvien. En avant du sacrum, les vertèbres dites céphaliques ou présacrées s’ordonnent à partir de la tête en vertèbres cervicales, dorsales et lombaires, mobiles chez toutes les espèces. En arrière du sacrum, les vertèbres caudales ou coccygiennes s’atrophient progressivement vers l’extrémité libre du rachis. Elles peuvent se souder en un coccyx comportant un petit nombre d’éléments pratiquement immobiles (cas des singes anthropoïdes et de l’homme). Elles peuvent rester indépendantes, au nombre d’une vingtaine par exemple, formant le squelette de la queue des quadrupèdes, douée d’une grande mobilité.

Le mode de station et le mode de locomotion conditionnent, dans une très large mesure, les variations du rachis des Mammifères, chez lesquels on peut schématiquement distinguer trois groupes: les quadrupèdes, à rachis horizontal, possédant quatre membres locomoteurs; les semi-érigés, singes anthropoïdes, à rachis oblique, munis de longs membres antérieurs prenant appui au sol pendant la marche; enfin l’homme, au rachis vertical, seul adapté à la station érigée vraie et à la locomotion bipède.

Le rachis cervical varie peu; il possède sept vertèbres chez la plupart des espèces. Support de la tête, il figure une tige relativement gracile, horizontale chez les quadrupèdes, verticale chez l’homme, dirigeant toujours sa convexité du côté ventral (lordose cervicale).

Les quadrupèdes possèdent un rachis dorso-lombaire très long (minimum treize dorsales et six lombaires), tendu en arc à concavité ventrale entre quatre piliers, les membres. On rapproche de ce modèle les singes du Nouveau-Monde, du type atèle, quadrumanes munis de douze vertèbres thoraciques, de sept vertèbres lombaires, d’un sacrum court, à trois éléments, et d’une longue queue comprenant une vingtaine de vertèbres.

Les singes anthropoïdes se caractérisent par l’attitude semi-érigée du tronc et de très longs membres antérieurs, qui prennent contact avec le sol en pronation (pronogrades). L’appui principal s’effectuant sur les membres postérieurs, on assiste au développement du sacrum, pourvu de cinq à six éléments et à la réduction du rachis lombaire, à six éléments chez le gibbon, cinq éléments chez le chimpanzé, et même quatre chez l’orang-outan. Le coccyx se réduit à deux ou trois éléments.

Certaines variations morphologiques ou numériques du rachis humain s’éclairent par cette rapide comparaison. Ainsi, l’apophyse transverse de la septième vertèbre cervicale peut s’hypertrophier au point de devenir une veritable côte cervicale. De même un rudiment costal peut s’articuler avec l’apophyse transverse de la première vertèbre lombaire. Inversement, la douzième côte, parfois très courte, devient un simple élément vestigial, affecté à la douzième vertèbre dorsale.

Les variations les plus intéressantes et les plus fréquentes se situent à la charnière lombo-sacrée, relais entre le rachis mobile et le rachis fixe. Tantôt les apophyses transverses de la cinquième lombaire s’hypertrophient, formant deux ailerons latéraux, qui prennent appui sur l’aileron du sacrum, et parfois se soudent à lui: on parle de sacralisation , réduction du rachis lombaire à quatre éléments mobiles. Tantôt la première sacrée se détache du bloc sacré, devient un élément mobile, et cette lombalisation aboutit à une colonne lombaire comportant six éléments. La grande caractéristique du rachis humain (fig. 5) est une disposition des vertèbres lombaires en un arc convexe en avant, appelé lordose lombaire . Elle succède à une courbure inverse du rachis dorsal, la cyphose . La lordose lombaire semble liée à la station érigée vraie, et à la locomotion bipède. Ébauchée chez les préhominiens, elle atteint son épanouissement chez l’homme actuel. Encore faut-il souligner d’importantes variations ethniques ou individuelles, qui oscillent entre le rachis «droit», à lordose effacée, et le rachis «courbe», hyperlordotique, caractère plus souvent féminin.

4. Colonne vertébrale humaine

La vertèbre s’apparente aux os courts, au moins pour sa partie la plus volumineuse, le corps, formé d’un noyau de tissu spongieux entouré d’une mince couche corticale d’os compact.

Le tissu spongieux, très vascularisé, contient une moelle osseuse très riche; plus de la moitié des globules du sang sont fabriqués au niveau des corps vertébraux. La fragilité de ce tissu spongieux explique la fréquence des fractures des corps vertébraux par tassement.

En arrière du corps s’étend l’arc neural . Il s’ordonne autour d’un vaste orifice, le trou vertébral. L’arc neural est formé par les deux pédicules en avant, les deux lames en arrière. Celles-ci s’unissent sur la ligne médiane postérieure. Sur l’arc neural s’insèrent des saillies qui font de la vertèbre un os apophysaire. Il faut citer en premier l’apophyse épineuse, lame sagittale postérieure implantée au point de jonction des lames.

À l’union du pédicule et de la lame se détachent de chaque côté trois prolongements, un latéral, l’apophyse transverse , deux verticaux, munis de surfaces cartilagineuses, les apophyses articulaires , supérieure et inférieure. L’aspect des vertèbres varie d’un segment à l’autre du rachis (fig. 6).

Différenciations vertébrales

La vertèbre cervicale type, C4, a un corps de forme rectangulaire, qui se relève, sur sa surface supérieure en deux crochets latéraux. Le pédicule se dirige en dehors et en arrière, ce qui agrandit le trou vertébral, lui donne une forme triangulaire. La lame est plus large que haute. L’épineuse est prismatique triangulaire, creusée d’une gouttière inférieure; elle se termine par une extrémité bifide et bituberculeuse. L’apophyse transverse, pourvue de deux racines, dessine une gouttière ouverte en haut. Elle est perforée, par l’artère vertébrale, en trou transversaire. Cette apophyse se dirige en dehors, un peu en avant, et se renfle à son extrémité en tubercule antérieur et tubercule postérieur. Chaque apophyse articulaire possède une facette cartilagineuse ovoïde, inclinée à 45 0 sur le plan vertical et sur le plan horizontal.

La vertèbre dorsale type, D6, possède un corps demi-cylindrique entaillé, à l’angle postéro-latéral, de demi-facettes costales, supérieure et inférieure, pour recevoir la tête des côtes. Le pédicule se dirige franchement en arrière, ce qui rétrécit le trou vertébral, lui donne une forme circulaire. La lame est aussi haute que large. L’épineuse longue, très oblique en bas et en arrière, se termine par un tubercule. L’apophyse transverse se dirige en dehors et en arrière; elle possède un tubercule terminal, et une surface cartilagineuse concave pour la tubérosité costale.

La vertèbre lombaire type, L3, présente un corps massif, réniforme, en demi-cylindre fortement échancré en arrière. Le pédicule se dirige en arrière; le trou vertébral, petit, est triangulaire. La lame est plus haute que large; l’épineuse forme une lame quadrilatère sagittale munie d’un tubercule postérieur. L’apophyse transverse, longue, se dirige en dehors; encore appelée costiforme, elle est renflée en arrière par un tubercule accessoire.

Les articulaires sont taillées en segment de cylindre à grand axe vertical et cette configuration assure un emboîtement solide. Il existe un tubercule mamillaire sur le bord libre de l’articulaire supérieure concave.

Aux deux extrémités du rachis les vertèbres se modifient. Les deux premières, atlas et axis , assurent les très importants mouvements de la tête sur la colonne vertébrale. L’atlas est un anneau large, il s’articule, par deux cavités glénoïdes, avec les condyles de l’occipital.

L’axis possède un prolongement supérieur, la dent, ou apophyse odontoïde, véritable pivot autour duquel s’effectue la rotation de l’ensemble tête-atlas.

À l’opposé, les dernières vertèbres se soudent pour former deux pièces compactes, le sacrum et le coccyx. Le sacrum comporte habituellement cinq vertèbres. La face antérieure, concave, complète en arrière la cavité du petit bassin. Elle présente quatre trous sacrés antérieurs de chaque côté; la face postérieure se hérisse sur la ligne médiane en une crête sacrée, résultant de la fusion des épineuses. Plus latéralement se superposent quatre trous sacrés postérieurs, chacun d’eux étant bordé en dedans par un tubercule articulaire (fusion des apophyses articulaires) et en dehors par un tubercule conjugué (fusion des apophyses transverses). Chaque face latérale dessine, sur la moitié supérieure, une surface cartilagineuse, l’auricule sacrée, articulée avec l’auricule iliaque. Le coccyx , rudiment caudal, présente de quatre à six vertèbres. La première, articulée avec le sacrum, possède, de chaque côté, une grande et une petite corne. Les autres s’atrophient rapidement.

Articulations vertébrales

Deux vertèbres voisines s’unissent à la fois par les corps vertébraux et par les apophyses articulaires (fig. 7).

L’articulation des corps vertébraux entre eux est une amphiarthrose. Elle se caractérise par l’existence d’un disque vertébral biconvexe, occupant tout l’espace libre ménagé par les corps. Le disque comprend un anneau périphérique (annulus lamellosus ), formé par l’empilement d’un grand nombre de lamelles fibreuses. La partie centrale, un peu excentrée vers l’arrière, a une consistance molle, gélatineuse; elle est appelée nucleus pulposus .

Le disque est un amortisseur et un distributeur de pressions: plus il est épais et plus grande est l’amplitude des mouvements (le disque cervical mesure de 3 à 4 mm, le disque dorsal, de 2 à 3 mm, le disque lombaire mesure de 10 à 15 mm).

Deux longs ligaments renforcent l’articulation corporéale; ce sont les grands ligaments vertébraux communs, antérieur et postérieur. Le premier, le plus important, borde le versant antérieur des corps vertébraux sur toute la longueur du rachis. Il freine le glissement vers l’avant dans les fractures avec disjonction du rachis.

Les articulations des apophyses articulaires sont au nombre de deux, l’une droite et l’autre gauche. Chacune met en relation la surface articulaire inférieure de la vertèbre sus-jacente et la surface articulaire supérieure de la vertèbre sous-jacente. Ces articulations sont des arthrodies pour les étages cervical et dorsal, des trochoïdes pour l’étage lombaire. Il existe une synoviale, une capsule, et des ligaments à distance, en particulier les ligaments jaunes, tendus d’une lame à l’autre.

Théoriquement, le disque permet des mouvements des corps vertébraux dans tous les plans, et le rôle des articulaires est de sélectionner les mouvements les plus utiles. Ainsi, le rachis cervical est spécialisé dans la flexion-extension (1000) et la rotation axiale (900 de chaque côté); le rachis dorsal peut effectuer une importante rotation (1000 au total); le rachis lombaire atteint un angle de 700 de flexion-extension. La latéralité est à peu près uniforme, de 200 à 300 par étage.

5. Pathologie du rachis

Il existe tout d’abord des lésions infectieuses des corps vertébraux, appelées spondylites, l’agent pouvant être un staphylocoque, un bacille d’Eberth, une brucelle; mais la plus redoutable est la tuberculose des corps vertébraux ou mal de Pott, qui se manifeste par un pincement discal et par l’apparition d’abcès froids.

Les affections rhumatismales comprennent, entre autres, la spondylarthrite ankylosante, qui soude et calcifie les disques. Le rhumatisme dégénératif ou arthrose se caractérise par un aplatissement discal, et la formation d’ostéophytes en «becs de perroquet»; atteignant plus fréquemment la colonne lombaire, ce rhumatisme ankylosant s’observe également au niveau des dernières vertèbres cervicales, où il peut créer des névralgies cervico-brachiales par compression des racines nerveuses.

La hernie discale s’observe principalement au niveau des dernières vertèbres lombaires, et se manifeste au début par une vive douleur (lombalgie) survenue à la suite d’un effort. Secondairement peuvent apparaître des douleurs névralgiques, irradiées dans le territoire du nerf sciatique. Il s’agit souvent d’une hernie postéro-latérale du disque, qui s’est rompu, et vient irriter une racine nerveuse au niveau d’un trou de conjugaison, entre deux pédicules. Dans ce cas, la nucléolyse (mise en place d’agents chimiques détruisant les vestiges de nucleus) ou même l’ablation chirurgicale du disque deviennent nécessaires pour guérir le malade.

Les fractures du rachis peuvent intéresser les apophyses transverses, les épineuses, etc. Les lésions les plus fréquentes sont les fractures des corps vertébraux, compliquées en général d’un tassement qui leur donne un aspect cunéiforme. Les fractures dorsales basses peuvent se compliquer de paralysie définitive des membres inférieurs (paraplégie); les fractures cervicales, de paralysie des quatre membres (quadriplégie); le transport d’un blessé pour lequel on craint une fracture du rachis commande des précautions particulières. La fracture de l’odontoïde de l’axis est parfois cause de mort brutale par compression bulbaire. On appelle spondylolyse la rupture de l’isthme vertébral; elle peut être l’amorce d’un glissement vers l’avant du rachis sus-jacent, le spondylolisthésis.

Outre cette pathologie majeure, il faut souligner la très grande fréquence des petites désaxations du rachis, surtout chez les enfants; les plus courantes sont les déviations latérales, les scolioses , soit compensées, soit décompensées. Traitées par la gymnastique corrective en temps opportun, ces anomalies régressent. Leur persistance intempestive peut amener à des états franchement pathologiques, caractérisés notamment par l’insuffisance respiratoire. Des complications similaires sont le fait de déformations congénitales qui donnent lieu aux gibbosités .

Encyclopédie Universelle. 2012.

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